Fausses références et fausses croyances
Ainsi, il nous est donné d’assister, en live, à la chute de la maison Banny ! Et quelle chute ! Les aficionados du truculent (et regretté) écrivain Mongo Beti penseront inéluctablement au titre d’un de ses romans : La ruine presque cocasse d’un polichinelle. Au-delà de la tentation de la formule ravageuse, l’étrange destin de Charles Konan Banny confirme, comme d’autres péripéties de la crise ivoirienne, que nous sommes en plein dans une «guerre du faux». Au-delà des faux nez, des masques, des discours mensongers et des différentes mystifications qui ont fini par se discréditer à l’épreuve du temps, des fausses références et des fausses croyances ont saturé notre champ symbolique, pour finalement s’échouer piteusement. Charles Konan Banny est une fausse référence qui vient de sombrer, condamné par les fausses croyances qu’il partageait avec ses (faux ?) amis. Charles Konan Banny est fils de la perte de repères entraînée par le conflit ivoirien. Nostalgiques d’un ordre consensuel, lassés du ballet de ce qu’ils appelaient la «bande des quatre», tentés par le «tous pourris» et désireux de trouver une alternative aux leaders symbolisant la fracture nationale, certains Ivoiriens se sont laissés tenter par l’aventure Banny. L’intéressé a su en profiter et adopter une stratégie de positionnement en creux. Il fallait, dit-il, en finir avec la défiance, les intrigues. Il fallait pouvoir se faire confiance. Ce qui unissait les Ivoiriens, disait-il, était plus grand que ce qui les divisait. Bien entendu, en professant de loin ces évidences d’un ton convaincant et en laissant ses lieutenants officieux sur place dire à la fois aux patriotes, aux pro-rebelles et aux militants du PDCI ce qu’ils voulaient entendre, l’ancien gouverneur de la BCEAO Banny est donc apparu à certains comme un homme attaché aux principes de la République la Côte la Constitution Quelques-uns ont cru tenir en Banny un «technocrate» totalement étranger aux intrigues politiciennes de la grande boulangerie que constituerait la scène politique ivoirienne. Au final, ils sont les plus déçus. Ils ont vu un Machiavel au petit pied essayer d’utiliser sa position et les résolutions onusiennes y afférant pour imposer on ne sait quelle hégémonie. Tantôt avec quelques dissidents contre la direction du PDCI, tantôt avec le RHDP contre Gbagbo, instrumentalisant par moments l’exigence du désarmement (dont il se contrefichait, au fond) contre les rebelles, il s’est fait le roi des coups fourrés. Alors qu’il aurait pu s’en passer, il a voulu utiliser l’aubaine du scandale des déchets toxiques pour mettre la main sur la Douane On prenait Banny pour un moderne, pour «le plus gentil des méchants». Ce n’est qu’un archéo, qui n’a tiré aucune leçon de l’aventure de son ami Seydou Diarra et qui a pensé, par fatuité, que ce qui arrivait aux autres ne pouvait pas lui arriver. Endormi par les discours de Jacques Chirac et du chef de la cellule africaine de l’Elysée, Michel de Bonnecorse, il a cru que la France la FESCI