L'oeuvre de Théophile Kouamouo au centre d'un débat
Le compte-rendu de Kevin Boumy (Le Courrier d'Abidjan) sur la conférence-dédicace de "La Recolonisation de l'Afrique - le cas de la Côte d'Ivoire" le mardi 14 août 2007.
Peut-on suivre la ligne discursive minutieusement élaborée dans La Recolonisation de l’Afrique : le cas de la Côte d’Ivoire de notre rédacteur en chef Théophile Kouamouo et se condamner au silence ? Assurément non, tant l’hypocrisie, la duplicité, la tentative d’assujettissement qui semblent s’ériger en substrat des rapports entre l’Afrique et des ex-puissances coloniales y suscitent moult interrogations. De quoi donner un menu alléchant à plusieurs têtes fortes de la pensée contemporaine qui ont épilogué des heures durant sur l’ouvrage lors de la cérémonie de dédicace ce mardi 14 août à l’espace Bosart de la Riviera Golf. Le débat qui a visiblement exclu les esprits peu exercés a été introduit par David N’Goran, à qui est revenue la tâche peu aisée d’établir le rapport fécond texte-contexte, de montrer comment la personnalité militante de l’auteur a investi le texte et de relever quelques irrégularités inhérentes à toute œuvre humaine. Un déblayage d’horizon qui a servi d’ «appât» aux universitaires et autres thuriféraires d’une Afrique debout, digne, libre, venus pour la circonstance, de passer au peigne fin les grandes questions que soulève Théophile Kouamouo. Pourquoi recolonisation et non une simple tentative ? Pourquoi la jeunesse patriotique dont la mobilisation a permis à la soldatesque de Chirac de renoncer à certaines pratiques machiavéliques, est-elle étiquetée comme une simple «arme» et non un acteur véritable de la crise ivoirienne ? Des questions pertinentes, qui ont permis à l’auteur, solidement appuyé dans cet exercice par Jacqueline Siréira, libraire, d’éclairer la lanterne des intellectuels sur certains compartiments peu développés de l’œuvre.
"La recolonisation de l’Afrique : le cas de la Côte d’Ivoire", en passe de s’imposer comme un véritable vade-mecum de tous les théoriciens de la re–définition du cadre de coopération entre les ex-colonies et les ex-puissances coloniales, ne se borne pas à l’analyse exhaustive des faits et attitudes. C’est un ouvrage complet qui en même temps qu’il construit un argumentaire avec une rigueur quasi mathématique, propose l’antidote des velléités impérialistes en Afrique : la mise sur pied d’un pacte panafricain des démocraties sous l’égide de l’Afrique du Sud.