Alpha Blondy : proche de Gbagbo, loin de l'ONU ?
C'est un des sujets de conversations du moment, parmi les "happy few" du petit microcosme "informé" d'Abidjan. Alpha Blondy a été déchu de son titre de messager de la paix de l'ONUCI. L'intéressé semble persuadé qu'il paie là un certain nombre de ses prises de position politiques, notamment ses vives critiques contre la France et la force Licorne après l'attentat manqué contre le Premier ministre Guillaume Soro à Bouaké. Plus profondément, le divorce Alpha-ONUCI met en lumière le caractère foncièrement partisan des représentants de la "communauté internationale" en Côte d'Ivoire. Ils paient en quelque sorte le prix de leur opportunisme et de leur mesquinerie.
Au début de la crise, Alpha plaisait. Il n'affichait pas des positions pro-Gbagbo comme Serge Kassy, ni radicalement anti-Gbagbo comme Tiken Jah - trop voyant -, mais subtilement, il épousait les thèses de l'opposition selon certains analystes. Il critiquait l'ivoirité, et c'était déjà ça de pris. Seulement, Alpha c'est Alpha. Iconoclaste ! C'est justement quand il a été nommé par l'ONUCI qu'il a commencé à développer des thèses que Charles Blé Goudé ne renierait pas et à juger durement le RHDP (coalition de l'opposition "houphouétiste") et la France. Tel est pris qui croyait prendre : l'ONUCI croyait avoir recruté un agent d'influence, elle avait un boulet au pied. Dans le cadre d'une campagne de paix, Alpha est monté sur scène et a présenté son adaptation de "Crazy Baldheads" de Bob Marley. "Nous devons chasser ces sales racistes hors de nos terres", a-t-il chanté devant une foule en délire. Malaise !
Mais que croyait l'ONUCI ? En le recrutant, ses patrons savaient qu'il avait chanté le virulent "Armée française, allez-vous en". Il est difficile de mettre un artiste en cage. Bien fait !
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