Vos propositions

Si je devais attribuer la palme de la contribution à un invité dans cet espace, je la donnerais sans hésiter à Ogotemmêli. Même si je reconnais qu'il nous un peu chambrés. "Constat indéniable : les Ivoiriens (plus généralement les africains) ne lisent assez. Quelles en sont les causes, puis comment y remédier? Il me semble que la suite de cet article devrait nous conduire à ce type d'interrogations, plutôt que de s'épuiser en récriminations, et autres larmoiements...", s'est-il un peu agacé, avant de faire une série de propositions pertinentes que vous pouvez lire dans son post "Quoi ? Comment faire ?"

C'est aussi cela l'esprit de ce blog. Utiliser l'actualité comme prétexte pour pousser aussi loin que nous pouvons la réflexion sur les sujets de l'heure, afin qu'ils puissent mûrir et être présentés sans complexe à notre député, à notre gouvernement, à l'Union africaine. Oui ! Soyons fous ! Osons croire que nous pouvons changer l'Afrique !

J'aimerais que nous débattions en profondeur sur deux sujets.

- Quels sont les meilleurs moyens pour impulser "une véritable stratégie publique de développement d'un capital national d'oeuvres livresques", selon l'expression d'Ogotemmêli, mais aussi d'oeuvres cinématographiques, théâtrales, artistiques atteignant un niveau de concept assez élevé pour nous donner de penser à notre avenir commun ?

- Beaucoup d'entre nous ont posé le panafricanisme comme seul rempart face à la désinformation permanente et aux stratégies d'écrasement de l'Occident ? Mais comment booster l'idée panafricaine aujourd'hui ? Par un média puissant comme Al-Jazeera, par le renforcement institutionnel de l'Union africaine, par le business, par les organisations régionales comme la CEDEAO et la SADC ? Comment ?

Tous à nos claviers !

Comments

[ogotemmêli]

Sur la question d'une monnaie unique africaine, permettez-moi de suggérer ce lien où l'on en discute...

http://www.africamaat.com/affiche_forumv3.php3?id_article=263

[Levy]

Salut,
J'ai véritablement apprécié le commentaire d'Ogotommêli sur les conditionnalités pour inciter les plus jeunes à la lecture. Aussi voudrais-je consacrer mon intervention à la (re)naissance de l'UA.
Je crois que l'un des obstacles majeurs à l'émergence d'une unité sur vieux continent est la méfiance; méfiance liée en grande partie à de vieilles querelles dont nous avons (nous autres) héritées.
Même quand vous vous retrouvez hors de la CI et qu'il y a une életion de jeunesse dans une grande école ou université, généralement Camerounais, Congolais de la RDC, Togolais, Ghanéens se mettent du côté des Ivoiriens. Il ne faut pas espérer grande chose du côté béninois et sénégalais. Les Burkinabés sont un peu plus faciles à manoeuvrer.
Cette anecdote aidant, il faudra songer à briser le mur de méfiance. Comment?
Peut-être faudra-t-il favoriser un certain pourcentage en termes de recrutement à concéder aux non-nationaux sous l'égide des regroupements sous-régionaux existants.
La création d'une monnaie sous-régionale pourrait apporter sa modeste contribution à l'effectivité de l'UA.
Voici des pistes qui pourraient y contribuer

[ogotemmêli]

Tout d'abord, il y a peut-être eu méprise sur le 1er paragraphe de mon précédent poste : je voulais seulement dire que l'article de Kouamouo nous invitait à poursuivre la réflexion, entre autres, dans le sens des propositions ; plutôt qu'à rester scotché au niveau des lamentations. C'était moins une volonté de chambrer que celle d'aiguiller...

En attendant qu'une politique publique suscite des vocations d'écrivains, il y a déjà des ressources littéraires qui dorment dans les thèses et mémoires de nos universités africaines (pour ce qui est des publications scientifiques). De même, nous disposons de superbes contes et comptines déjà publiés, dont la diffusion dans les classes maternelles et primaires encouragerait le goût de la lecture chez les tous petits.

Mais quid de la question linguistique?
Plus de 80% d'Africains sont quasi-exclusivement africanophones. Or, nos langues sont souvent "boycottées" dans la diffusion des savoirs sur le continent. Pourtant, notez qu'il y a beaucoup plus de personnes sur cette planète parlant Haoussa, Bambara, Kikongo, Swahili, Peul, etc. qu'il n'y a de locuteurs de Flamand, Suédois, Finois, Slovaque, etc.
Bref, l'on voit bien qu'une diffusion rapide d'oeuvres livresques en Afrique supposerait la réhabilitation de certaines langues africaines comme langues d'enseignement et de connaissances...

Par ailleurs, de richissimes oeuvres concernant l'Afrique sont disséminées dans des langues non-africaines. Ce qui requiert un colossal programme d'inter-traductions : français-anglais/anglais-français, français-portugais, anglais-portugais, etc. afin que ce qui se passe en Afrique lusophone, par exemple, puisse être rapidement accessible en Afrique anglophone ou francophone, et vice versa : dépasser la balkanisation linguistique (culturelle, politique, etc.) imposée au continent par ses colonisateurs...

Les Afrodescendants (Afro-brésiliens, Afro-antillais, Afro-cubains, Africians-américains, Afro-colombiens, etc.) ont beaucoup de choses à nous dire et nous apprendre sur nous même, ou une part de nous même. Nous devrons y être plus attentifs, en trouvan,t les moyens d'accéder à leurs littératures...

Enfin (pour ce coup-ci), des initiatives plus modestes, inter-citoyennes, peuvent être envisagées : des associations d'adultes déjà pasionnés par la lecture et/ou l'écriture qui vont de lieux en lieux (quartiers, villages, écoles, communes, etc.) à la rencontre des plus jeunes, en vue de les intéresser à leurs passions. Par exemple, des projets de bibliobus, avec des livres collectés auprès de charitables donnateurs, qui sont réunis dans des automobiles (idéalement des vieux bus) et sillonnent les quartiers pour organiser des séances de lectures et des ateliers d'écriture...

[zomansa]

Monsieur Kouamouo,
Dans un pays comme le nôtre, l’incitation à la lecture et à la culture en général doit absolument faire l’objet d’une politique gouvernementale. Pour apporter alors une contribution à votre première question, je rejoindrai tous ceux qui proposeraient la construction d’espaces de lecture et d’information comme les bibliothèques publiques, l’organisation de concours littéraires dans les lycées et collèges avec bourses d’études à l’appui et toutes sortes d’encouragements à l’écriture. Dans un contexte financier aussi déprimé et déprimant, la subvention, par l’Etat, de tout bouquin essentiel à la culture africaine pourrait connaître des effets positifs. Cela dit, un élan aussi volontariste peut toujours buter sur l’indifférence de la population, car on ne peut " hypnotiser" personne sans son consentement. La question centrale reste alors de trouver les voies et moyens pour forcer, d’une certaine façon, le peuple à lire, écrire et se cultiver. Pour cela, il va falloir trouver le peuple partout où il se trouvera en dehors de l’école, et mener des campagnes de sensibilisation "agressives", à la télé pendant les émissions populaires, au stade, avant et après les matchs, avant et après la projection de tout film, et pourquoi pas juste avant un concert de "Coupé décalé" ? Il faut en gros trouver un effet de mode à la culture pour que la jeunesse réalise que lire et écrire est aussi "cool" que chanter ou danser. L’Etat devrait aussi mettre un point d’honneur à glorifier tout artiste littéraire au même titre que Didier Drogba pour son ballon d’or. Pour ce faire, le ministère de la culture et celui de l’éducation nationale et de la recherche devraient être mis à forte contribution pour nous changer un peu de la gestion des humeurs de la FESCI et des grèves à répétions.