Audiovisuel ivoirien : à quand la libéralisation ?
On ne le dira jamais assez : la guerre a fait perdre du temps à la Côte d’Ivoire. Elle a ralenti une économie prometteuse, mis en veilleuse les réformes sociales de la Refondation qui, dans leur fond, étaient bonnes – malgré les déceptions qu’ont pu susciter ceux qui avaient le devoir de les mettre en œuvre. Elle a abaissé le niveau d’une école publique qui avait déjà souffert, pendant plus d’une décennie, des luttes pour la démocratisation du pays. Surtout, la guerre s’est dressée en ennemie de l’innovation. Alors que la Côte d’Ivoire était pionnière dans de nombreux secteurs, elle est aujourd’hui en perte de vitesse. C’est du gâchis : un tel pays cosmopolite, leader, ayant en son sein des individualités dynamiques et créatives ne mérite pas cela. Quelque part, c’est toute l’Afrique francophone qui y perd. Prenons l’exemple de l’audiovisuel. La tragédie du crash de Kenya Airways nous a montré les bienfaits de la libéralisation de ce secteur au Cameroun. Les chaînes de télévision privées nationales, comme STV, Canal 2 et Equinoxe (disponibles sur satellite) ont été à la hauteur de l’événement, diffusant quasiment en direct les images de l’épave quand elle a été retrouvée. Pendant ce temps, la CRTV, lourde télévision étatique, diffusait des documentaires sur la santé et des émissions culinaires… Si le crash de la Kenya Airways s’était produit en Côte d’Ivoire (personne ne souhaite une telle éventualité), il y aurait eu de fortes chances que les premières images soient celles de TF1 ou de France 2, que la RTI aurait, toute honte bue, récupérées et diffusées. Durant la crise ivoirienne par exemple, des images historiques ont été filmées uniquement par des chaînes étrangères. Les meilleurs plans des manifestations monstres contre la recolonisation du pays, après les accords de Linas-Marcoussis, ont été filmés par des chaînes de télévision… françaises ! L’Afrique doit pouvoir produire ses propres images. Pour cela, il faut qu’elle libère les énergies et l’initiative. Il faut qu’elle fasse la promotion du pluralisme et de la saine compétition dans tous les secteurs. Il faut que le citoyen retrouve sa marge de manœuvre pour devenir producteur d’idées, producteur d’images, producteur de biens… fabricant de sa propre Histoire ! Lisons cet article du quotidien camerounais Mutations : http://www.quotidienmutations.info/mutations/mai/1178618377.php