L’audace de la Sotra

C’est une grande première dans le monde des affaires en Côte d’Ivoire. La SOTRA, entreprise parapublique de transport urbain, a lancé un emprunt obligataire par appel public à l’épargne. Objectif ? Recueillir 12 milliards de francs sur le marché financier de l’UEMOA afin de financer les investissements inscrits dans le projet d’entreprise de Philippe Attey, directeur général. «L'emprunt SOTRA 6,80% 2007-2012 mettra sur le marché financier et boursier 1,2 million de titres, au prix de vente de 10.000 FCFA l'obligation, avec un taux d'intérêt avantageux de 6,80% brut l'an», a expliqué Philippe Attey, précisant que l’emprunt est garanti à 100% par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et par la Banque internationale de développement de la CEDEAO (BIDC). Il invite «chacun des Ivoiriens, des Abidjanais et même les Ivoiriens de la diaspora, ainsi que les étrangers à soutenir la SOTRA en souscrivant à cet emprunt».Il faut saluer l’initiative de la SOTRA. Parce qu’elle est un bon exemple de ces solutions endogènes alternatives, qui peuvent permettre aux Africains de reprendre en main le développement du continent et de mettre à exécution leurs projets sans attendre les fameux «bailleurs de fonds» qui ne financent que ce qui les arrange.

On a trop longtemps méprisé l’inventivité de l’élite africaine. Philippe Attey, cadre supérieur ivoirien, a montré, durant ces années de crise, qu’il était possible de donner un souffle nouveau à une entreprise de transports urbains, même sinistrée. Il a bâti un projet crédible, a diversifié les partenaires - rompant le huis clos avec Renault, il a fait de bonnes opérations avec l’indien Tata et a convaincu les Iraniens de lui prêter de quoi acheter des bus fabriqués chez eux. Il a lancé des projets novateurs comme le montage de bateaux-bus sur place.

On a trop longtemps ignoré la capacité d’épargne des citoyens africains ordinaires - pourtant, ce sont les plus démunis qui épargnent le plus, surtout dans la gent féminine. Demain, quand l’on aura brisé les barrières à la création de comptes en banque pour le plus grand nombre, l’on se rendra compte que les efforts conjugués de nos cacaoculteurs, de nos artisans, de nos revendeuses, de nos « servantes » (oui, tout à fait), construiront des ponts, des routes, des usines.

Notre marché financier a perdu trop de temps dans une économie censitaire réservant les services de la modernité à une minorité. Le business de la téléphonie mobile nous a montré la force économique de « Monsieur tout le monde ». Le boom des nouvelles banques africaines (comme Afriland First Bank du Camerounais Paul Fokam, qui a tiré sa puissance de son réseaux de caisses d’épargne rurales) ainsi que des actions audacieuses comme celle de la SOTRA, pourraient nous faire découvrir la puissance financière de l’Africain du commun, mais aussi de la diaspora.

Qui a dit que nous avions besoin de l’aide internationale ?

En savoir plus sur : http://www.rezoivoire.net/news/depeche/1370/la-sotra-lance-un-emprunt-obligataire-de-12-milliards-de-fcfa.html

www.sotra-ci.com

Comments

[Levy]

salut,

Etant consultant en management, j'ai eu à réaliser des missions au sein de cette entreprise. Franchement, je ne suis pas surpris de cette stratégie managériale mise en place.

Monsieur le DG a choisi de travailler dans la discrétion et ce n'est pas à moi de venir conter ses projets ici. Je signale tout de même que c'est l'une des rares entreprises de la place qui forme les travailleurs qui doivent aller à la retraire sur les stratégies de montage et de gestion de micro-entreprises!

Pour revenir à l'article, disons que le projet est à encourager. Voici au moins un programme de développement qui n'est pas basé sur une économie purement extravertie.

Mais, ma position n'a pas varié sur ce genre d'idées! Lancer cet emprunt n'est pas une fin en elle-même. Que feront-ils par la suite?

Nous les attendons sur le mode de gestion à venir. Le titre de transport va-t-il baisser? Les étudiants auront-ils plus de bus sur leurs lignes? Les travailleurs ne passeront-ils plus du temps à attendre le bus express? Oseront-ils déclarer leur gain annuel? Les recrutements seront-ils "plus ouverts"?

Voici des interrogations qui m'interessent ici.

[Leo]

Salut Theo, comme promis je t'envois un extrait du résumé du livre du Dr Chika Onyeani Capitalist Nigger, qui est journaliste d'origine nigerianne, résidant aux Etats - Unis.
Je le recommande comme matériel d'éducation et de prise de conscience à tous les Bloger africains de ton site.



Capitalist Nigger
The Road To Success
by Dr. Chika Onyeani




CAPITALIST NIGGER excels as an explosive and jarring indictment of the Black Race. Capitalist Nigger: The Road to Success (Timbuktu Publishers, September 17, 2000) asserts that the Black Race, is a consumer race and not a productive race. Says the author, Chika Onyeani, "We are a conquered race and it is utterly foolish for us to believe that we are independent. The Black Race depends on other communities for its culture, its language, its feeding, and its clothing." "Despite enormous natural resources," according to the author, "Blacks are economic slaves because they lack the "killer-instinct" and "devil-may-care" attitude of the Caucausian, as well as the "spider web economic mentality" of the Asian." The author is not afriad to use the most hated word, the 'N' word as a title of his book. He says, "It is not what you call me, but what I answer to, that matters most." The further asserts that "Blacks are economic slaves. We are owned lock stock and barrel by people of European-origin ... I am tired of hearing Blacks always blaming others for their lack of progress in this world; I am tired of the whining and victim-mentality. I am tired of listening to the same complaint, day in day out - racism this, racism that. It's getting us nowhere." "Africans have a stance, 'live for today, let tomorrow take care of itself and be damned' attitude," the author says. "We've become a sheep-like consumer race that depends on other communities for our culture, language, feeding, and clothing. We've become economic slaves in Western society." CAPITALIST NIGGER reserves its harshest criticism for African leaders, who according to Onyeani, have allowed Europeans and others to pillage and plunder Africa's wealth, without anything to show for it, other than more starvation, disease, and dictatorships. "We have as little today than when most of the African countries received independence from their colonial masters," Onyeani says. CAPITALIST NIGGER is an anguished cry to the Black race to wake up, stand up and move on." "We must abandon the victim mentality baggage that we've carried for so long: the notion that somebody owes us something," the author says. "We've got to stop whining and stop begging. The Black race needs to wake up and stand on it's own feet." Says Onyeani, "We need to recognize and learn from others what it takes to succeed. We need to adopt the "devil-may-care" attitude and the "killer-instinct and whatever-it-takes attitude" of the white Caucasian, and the "spider web economic mentality" of the Asian."


208 pages, 6 X 9", hardcover jacketed book.
Price $24.95 – Click here to order.

[On dit quoi]

Ce sont des actes qui vont nous permettre de quitter sous la domination du grand manie tout

www.onditquoi.net

[Théo]

...Attey diversifie. Il garde les Tata mais prendra des bus Mercedes d'Iran. En revanche, Renault est out.

[Lanzi]

C'est une excellente idée que de faire appel à l'épargne publique ivoirienne pour financer l'activité de la Sotra. Les Africaines sont de grandes épargnantes mais elles ne font pas toujours confiance aux structures financières traditionnelles qui les prennent d'ailleurs pour quantité négligeante. Au lieu de confier leur argent à des gourous, souvent escrocs, elle devraient être sensibilisées afin qu'elles s'initient à des produits financiers modernes comme les obligations. Il faut seulement espérer que les investisseurs qui prennent des risques ne seront pas déçus, ce qui pourrait étouffer dans l'oeuf de telles initiatives. Le dg Attey doit tout faire pour que l'opération soit un succès, ainsi l'exemple peut faire boule de neige. J'ai un certain nombre de questions à poser puisqu'on ne peut pas confier son argent sans un maximum d'informations : comment la Sotra en est-elle arrivée à cette situation ? Les bus Tata sont reputés solides, pourquoi veut-elle changer le fournisseur ? En pratique, comment se passeront les modalités de l'opération ?