18 juin 2007
Un Gaou chez les Hindous (1)
Je n'étais jamais allé en Inde. Je me laisse donc aller aux plaisirs de la découverte. Et je suis fasciné par un objet, qui me semble symboliser Delhi comme les « zémidjans » symbolisent Cotonou et les « gbakas » Abidjan : les « auto-rickshaw ».
Ces voiturettes qui, visiblement, s'inspirent des tricycles mécaniques utilisés comme charrettes, fonctionnent au gaz et sont utilisées pour les transports en commun. Peints en jaune et vert, les trickshaws de Delhi monopolisent quasiment les rues, devant les différents types de voitures de marque Tata (oui, Tata ne fait pas que les « bus Gbagbo »), les Hyundai, les Toyota, les Ford et... très peu de voitures françaises !
Pourquoi je voue autant d'intérêt aux « trickshaws » ? Parce que je suis persuadé que, dans tout leur côté poussiéreux et sommaire, le modèle dont ils sont précurseurs est tout de même porteur, surtout pour l'Afrique... et même pour l'Occident !
C'est un bon compromis entre la moto et la voiture individuelle. Un « rickshaw » est moins polluant qu'une vieille Toyota faisant le « wôrô-wôro », bien plus économique (il fonctionne avec un peu de gaz), et surtout plus écologique que les « zémidjan » et autres « bend skin ». Il peut aider à faire le reste du chemin, les fameuses distances mi-longues que les villes africaines savent sécréter. Il peut permettre d'aller, à un prix assez faible, du quartier jusqu'à la station de bus, des rues secondaires aux carrefours. Il peut servir de moyen de transport public dans des villes moyennes comme Toumodi (Côte d'Ivoire), Bangangté (Cameroun) ou Abomey (Bénin). C'est le véhicule idéal pour transporter rapidement le pain des grandes boulangeries aux boutiques de quartier, pour livrer des colis ou des journaux d'un centre de tri à des foyers... Le « one-to-one marketing » et son implémentation logistique est, nous ne devons pas l'oublier, un des défis de l'Afrique contemporaine.
Pourquoi l'Afrique n'a-t-elle jamais songé à adapter le « rickshaw » ? Neuf, il est pourtant quatre fois moins cher qu'une Toyota Corolla de dix ans.
Peut-être le mauvais état de nos routes est-il décourageant ? Mais de nombreuses routes indiennes sont aussi mauvaises que les nôtres et il est possible d'imaginer un « rickshaw » surélevé. Quand j'étais adolescent, une commerçante camerounaise, Françoise Foning, avait tenté de les introduire sur le marché local sans succès. Ce serait intéressant de comprendre pourquoi.
Une chose est sûre : de nombreuses « solutions » indiennes conviennent à l'Afrique, parce que l'Inde est un vaste marché industriel « low cost ». Ainsi, en Inde, Suzuki fabrique une voiture qui coûte, neuve, donc moins nocive écologiquement qu'une vieille voiture, 4500 euros (moins de 3 millions de F CFA). Et Tata se prépare à concevoir un véhicule encore moins cher. Nous devrions nous y intéresser parce que les « France au revoir » sont, en réalité, extrêmement polluantes. Dans un nouveau cadre de coopération, nous pourrions même obliger l'Inde à recycler sur place ce qui restera des voitures (neuves) qu'elle importerait, une fois qu'elles seraient amorties - après, bien entendu, une durée de vie plus longue que les très vieilles voitures que nous importons aujourd'hui.
La mondialisation est une opportunité pour nous. Mais nous devons savoir ce que nous voulons pour en tirer profit. Nous ne pouvons pas faire l'économie d'une réflexion stratégique d'ensemble.
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