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Le blog de Théophile Kouamouo
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20 juin 2007

Un Gaou chez les Hindous (3)

ramoji_raoIl s'appelle Ramoji Rao, et c'est un sacré numéro. Cet Indien d'un certain âge s'est mis en tête de reconstituer, à une trentaine de kilomètres d'Hyderabad, la capitale de l'Andhra Pradesh, Etat agricole du Sud de son pays, la fameuse colline d'Hollywood et les fameuses neuf lettres blanches qui la surplombent. Ainsi, à partir de son pays des merveilles à lui, Ramoji Film City, vous pouvez prendre une image aérienne du royaume de l'entertainment américain... sans y être jamais allé ! En réalité, la réplique asiatique de la plus célèbre colline américaine n'est qu'un des visages de Ramoji Film City, le plus grand complexe de studios de cinéma au monde – selon le Guinness Book des Records, s'enorgueillit le site Internet de la firme. Sur cette « terre d'un million de rêves », vous allez d'un décor d'une rue royale anglaise à la devanture d'un saloon de film western en passant par une réplique du Taj Mahal – nous en reparlerons – et des quartiers populaires des grandes villes indiennes. Mais le décor hollywoodien est frappant en ce qu'il n'est qu'une démonstration de plus d'une tendance observée chez tous les dragons asiatiques : l'imitation. Les Japonais imitent les prouesses architecturales françaises, les Chinois imitent absolument tout ce que font les Occidentaux, et les Indiens, désormais, reproduisent le symbole achevé du rêve américain. Pourquoi se posent-ils en dupliquant, alors qu'a priori on se pose en s'opposant ? Qu'en pensent les culturalistes, d'Afrique comme d'Europe, qui revendiquent ce qu'on pourrait appeler, si on est méchant, une authenticité régressive ? On peut postuler que, paradoxalement, imiter est le premier acte de défi de l'ancien dominé. En imitant ce qu'il y a de mieux chez le plus fort du moment et en s'offrant le luxe de l'améliorer, il attaque les fondements idéologiques de la supériorité « naturelle et féconde » d'un vainqueur provisoire juché sur son arrogance. En art, l'imitation est le premier pas de la création, de toute façon. L'imitation rigoureuse est une arme de la guérison psychologique des peuples. Non seulement l'Inde reproduit Hollywood, mais elle va plus loin en ajoutant, logiquement et sans complexe, les éléments de son propre Panthéon. Se borner à imiter les grandes réalisations de l'humanité – la basilique de Yamoussoukro, par exemple – peut être considéré comme le signe d'une aliénation, même si cette aliénation est plus inquiète et désireuse de progrès que le délire infécond d'un Mobutu à Gbadolite. Face à la discrimination, nous pouvons choisir le différentialisme et l'essentialisme (comme les fondamentalistes musulmans des pays arabes). Nous pouvons céder à la tentation du « repêchage », en nous distinguant par tous les moyens des nôtres et en affirmant une singularité souvent opportuniste. Nous pouvons aussi nous assumer, en tant qu'êtres issus d'une Histoire et d'un peuple, vivant au coeur d'un environnement global et mondialisé, et ayant le regard fixé sur un avenir plein de promesses. Nous pouvons choisir d'être des passeurs de modernité décomplexés et d'aider nos peuples à se surpasser, leur prouver qu'ils n'ont aucune raison d'avoir honte d'eux-mêmes car ils ont en eux la graine de tous les possibles. Pour en savoir plus : http://www.ramojifilmcity.com
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Commentaires
D
Les postscocratiques se sont eux aussi interroger sur l'imitation.<br /> <br /> Aristote notamment; dans un texte sur la poétique, voici en parie ce qu'il écrit:<br /> <br /> "L'épopée la poésie tragique, la comédie, la poésie dithyrambique, l'aulétique, la citharistique, en majeure partie se trouvent être toutes, au résumé, des imitations. Seulement, elles diffèrent entre elles par trois points. Leurs éléments d'imitation sont autres ; autres les objets imités, autres enfin les procédés et la manière dont on imite. En effet, de même que certains imitent beaucoup de choses avec des couleurs et des gestes, les uns au moyen de l'art, d'autres par habitude, d'autres encore avec l'aide de la nature (seule). (...)<br /> Comme ceux qui imitent des gens qui agissent et que ceux-ci seront nécessairement bons ou mauvais (presque toujours les moeurs se rattachent à ces deux seules qualités, et tous les hommes, en fait de moeurs, diffèrent par le vice et par la vertu), il s'ensuit nécessairement aussi que nous imitons des gens ou meilleurs qu'on ne l'est dans le monde, ou pires, ou de la même valeur morale.<br /> <br /> A la bonne heure.
E
On a volé que Attali! Alhamdoulillah! Prends soin de Beuve-Mery...Et puis, bon anniversaire!
D
Finalement pour nous autres africain-e-s il s'agit en fait de choisir entre le prêt-à-porter et la création?
L
Salut,<br /> <br /> 10 décembre 1948 a été proclamée la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. C'est vrai, le bloc de l'Est ne se sentait pas concerné par ces droits.<br /> <br /> Les choses ont changé depuis l'effondrement du mur de Berlin. Tu as quand même suivi la Révolution orange qui s'est abattue sur cette région de la planète. Les pays africains ont vu les aides conditionnées par un certain dégré quant au respect des droits de l'Homme.<br /> <br /> je ne comprends donc pas ce procès où il n'y a pas de présomption d'innocence. Levy, ça fait Juif et non communiste. On ne peut donc pas parler de déli de patronyme. Et puis d'ailleurs, pourquoi refuser le droit à me défendre quand l'accusateur m'a demandé de "présenter ma défense sans pleurnicher"?
T
... est un procès durant lequel l'accusé n'a aucun droit. Je crois que c'est clair !
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