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Le blog de Théophile Kouamouo
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7 septembre 2007

Anti-intellectualisme, par Achille Mbembé

Extraits d'un texte assez dense de l'intellectuel camerounais vivant en Afrique du Sud, publié en exclusivité sur le site d'Alain Mabanckou. Cette partie de son long papier (que vous pourrez lire chez Mabanckou) m'intéresse parce qu'elle évoque l'importance de l'intelligence et de la pensée critique dans les processus visant à lutter contre la domination, dans les luttes sociales et dans les engagements politiques progressistes.

achilleMbembe"(...) C’est une critique que j’entends beaucoup ces jours-ci et qui, souvent, me surprend. Il en est de même de celle qui consiste à croire qu’il n’est d’engagement politique authentique de la part d’un intellectuel africain que la voie des armes et de la violence, ou la création d’un parti révolutionnaire de masse. On loue les vertus de la violence pour la violence en oubliant qu’il n’y a pas de luttes sociales véritables sans production consciente d’un capital d’intelligence critique et sans une transformation des schèmes de pensée qui autorisent précisément la domination.

On veut nous convaincre qu’à trop connaître et à trop réfléchir, on perd son temps. Comment s’étonner dès lors que démunis de mémoire et de culture, beaucoup finissent souvent par opter pour ce qui les abrutit toujours plus et par valider des choix dont ils ignorent les causes et les conséquences ?

Certes, si tant est que l’objectif est de gripper les rouages de la domination, alors les réflexions théoriques ne doivent pas tourner à vide, dans l’incantation, fût-elle prophétique. Mais la transformation effective du monde dans lequel nous vivons ne peut se faire sans un renouvellement de la pensée critique. On l’a vu à plusieurs reprises en Afrique au cours du dernier quart du XXe siècle : une radicalité uniquement centrée sur elle-même, instrumentale et cynique, ou encore l’exaltation spontanéiste d’explosions populaires sans débouchés – tout cela, très souvent, a mené droit à l’impasse.

Si les Africains veulent s’en sortir, il leur faudra développer une conception relativement large du rôle de la critique et de l’intellectualité. On ne peut plus, de nos jours, opposer critique dûment informée et transformation sociale. La critique dûment informée – et donc qui repose sur un ensemble de connaissances - est absolument indispensable pour toute lutte émancipatrice.

Pour le reste, il existe diverses figures de l’intellectuel. Mais, autant que je puisse en juger, ce qui caractérise un intellectuel, c’est avant tout sa liberté de parole et de pensée."

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Commentaires
L
Salut,<br /> <br /> A côté de ces deux "catégories" d'intellos, figurent ceux qui ont choisi d'être en marge du Pouvoir et de SES couloirs pour tirer ETERNELLEMENT la sonnette d'alarme. Sans être des parias, ils fuient les différentes responsabilités politiques, administratives et les avantages liés à ces "promotions".<br /> <br /> Je me rappelle qu'étant étudiants, nous nous demandions pourquoi ces intellectuels refusaient d'intégrer les institutions politiques de leurs pays après avoir écouté Mamadou Diouf, JG Bidima, Eboussi Boulaga sur les antennes de ...RFI (dimanche soir, je crois).<br /> <br /> Ces "Philosophes critiques" ont choisi d'apporter leur modeste contribution à la construction de l'édifice par les conférences, les publications, les cours magistraux, les ONG...<br /> <br /> Le prototype de ce "type" d'intellectuels est (sans doute) le Sénégalais Latif Coulibaly (encore un autre C(K)oulibaly!!!); celui qui est dépeint dans les quartiers huppés de Dakar (Hann Marris, Mermoz, Plteau) comme un véritable "emmerdeur" devant l'Eternel quand les couches défavorisées de Médina le voient comme l'Avocat du Peuple.<br /> <br /> Bien évidemment, je conviens avec A. Mbembé que le débat ne se trouve entre la critique contemplative et la critique pratique. La lutte sera longue. Nous avons besoin de compétences.<br /> <br /> Pour mémoire, la VIè Thèse sur Feuerbach de Marx: "Jusque-là, les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de diverses manières. Il s'agit maintenant de le transformer".
G
Mais Theophile ya koi? pourkoi tu quittes le courrier. ca fera la troisieme fois que tu quittes un quotidien, je pensais ke tout allait bien entre toi et sylvestre ainsi ke toute l'equipe de redaction. dit nous ya koi et puis tu t'en vas?
L
Salut,<br /> <br /> A côté de ceux qui ont choisi d'être Rois, il y a ceux qui ont choisi d'être "Faiseurs de Rois", de vivre à l'ombre du Grand Manitou. C'est le cas d'un Nicolas Machiaval conseiller à la cour du Roi, d'un Heiddeger pataugeant dans les bassesses du nazisme...<br /> <br /> Cette recette fait fortune également en Afrique pour diverses raisons. C'est généralement une manière pour les dirigeants de faire taire certains intellos devenus assez bavards en les invitant à la ...soupe nationale. C'est quelquefois une manière pour l'intello lui-même de se faire reconnaitre et partant, se démarquer de ces collègues...<br /> <br /> Cette "promotion" des intellos a laissé pas mal de séquelles sur l'avenir politique de plusieurs partis d'opposition. Elle a également laissé en désarroi plusieurs étudiants rêvant (encore) de transformer le monde. A titre d'exemple: les cas Marcien Towa, Ferdinand Oyono, Nyamké Koffi...<br /> <br /> Leur rôle de "guide" a fait place à la course à la réalisation de soi avec ce que cela implique comme compromissions.
L
Salut,<br /> <br /> Pour ce qui est de l'apport de l'intellectuel (africain?) dans la construction d'un nouvel ordre par la déconstruction de l'ordre établi, j'ai en mémoire une théorie du vieux Socrate/Platon.<br /> <br /> C'est Socrate qui nous fait savoir dans "La République" que les maux de la Cité ne cesseront tant que le Roi ne sera pas Philosophe et le Philosophe Roi. Je crois que le cadre ne se prête pas au développement de cette pensée.<br /> <br /> On pourrait quand même retenir que cette idée a fait du chemin depuis le...Vè siècle avant JC. Sa matérialisation la plus récente s'est faite entendre autour des années 90 lorsque, les institutions de Bretton Woods constatant "l'incapacité" de nos dirigeants politiques à mener à bien leurs différentes "rémèdes", ont lancé l'idée du règne des technocrates.<br /> <br /> L'on a assisté alors, pêle mêle, à divers "missionnaires" ici en Afrique: Dramane Ouattara, Nicéphore Soglo, Thabo Mbeki (pour une autre raison), Sydia Touré,...<br /> <br /> Bien évidemment, le bilan de ces différents rois est fort mitigé. Les Ivoiriens n'ont pas encore digéré la braderie de la prunelle de l'économie ivoirienne faite par Dramane sans appel d'offres, les Béninois n'ont pas encore oublié l'année blanche et la nomination à de hauts postes de responsabilité dans l'administration des Soglo Fils...<br /> <br /> Ailleurs, d'autres intellos qui ont tenté de remettre en cause les relations économiques établies depuis...5 siècles (pour parler comme Ogo) sans avoir les moyens de résister ont dû aller se faire voir ailleurs: Lissouba; et pourquoi pas Nkrumah, S. Olympio, Lumumba, A. Cabral...
T
Un intellectuel, c'est aussi surtout quelqu'un qui sait utiliser son intelligence pour résoudre des problèmes pratiques.<br /> <br /> Le reste ce ne sont pas des vrais intellectuels, ce ne sont pas des gens réellement intelligents. Mais il s'agit de personnes qui veulent vivre en parlant plus ou moins n'importe comment, souvent d'ailleurs de thèmes qu'ils ne connaissent presque pas mais qui sont à la mode.<br /> <br /> Aussi longtemps qu'il n'y aura pas de vrais intellectuels Africains capables d'aider leurs pays à exploiter techniquement les matières premières Africaines, ou capable de participer au progrès technologique des Européens et des Asisatiques, l'Afrique restera pauvre. Car en fin de compte on ne pourra pas bénéficier de nos propres richesses, puisque sans "l'aide" des autres nous ne sommes pas capable de les acquérir.<br /> <br /> Donc trés sincèrement, il faut avouer que l'Afrique a trop de pseudo-intellos qui ne savent que parler, mais il nous manque des vrais intellectuels capables d'appliquer leur intelligence aux problèmes pratiques/techniques auquels nous sommes confrontés tous les jours.<br /> <br /> ... Qui d'alleurs a planifié les nouvelles constructions à Yakro? Et qui les construits, pendant que nos "étudiants" de la FESCI, qui parfois ne savent même pas lire, passent leur temps à s'enivrer et à emmerder les gens qui veulent travailler?
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