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Le blog de Théophile Kouamouo
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18 octobre 2007

Que penser des bases étrangères en Afrique ?

Le débat a été ressuscité avec les prises de position très claires du président en exercice de l'Union africaine et ancien numéro un malien, Alpha Oumar Konaré, et du président sud-africain, Thabo Mbeki. C'était lors de la dernière Assemblée générale de l'ONU, au cours d'une session spéciale du Conseil de sécurité sur l'Afrique, dont l'initiative revenait à la France : les deux hommes d'Etat ont demandé très clairement le retrait des bases militaires étrangères d'Afrique - Konaré a parlé de "suppression pure et simple". Ambroise Ebonda l'a bien expliqué et analysé dans Le Messager de Douala :

http://fr.allafrica.com/stories/200709280141.html

Lors d'une interview télévisée hier, le président ivoirien Laurent Gbagbo a apporté de l'eau à leur moulin en soutenant cette revendication.

Le week-end précédent, nous avons enregistré un débat dans le cadre de l'émission de TV2, "Il faut le dire", consacrée justement à ce sujet. Mes "camarades de conversation" étaient le journaliste Claude Franck About et l'ancien ministre Gnamien Yao. Jugez-en vous-mêmes !


TV2 Débat sur les bases françaises Afrique
envoyé par nadytch

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Commentaires
N
"Un peuple déshérité ne saurait transformer son présent ni conquérir son avenir sans élever la voix et même frapper du poing sur la table..." Disait Mongo Béti, Alors pas de contorsions svp Mr le Ministre
D
un débat un peu trop complaisant à mon goût et qui n'est pas assez allé au fond des choses comme l'a dit Ogotemmêli.<br /> Le Ministre m'a beaucoup fait sourire dans son rôle "d'infantilisateur", quant à toi théo j'ai eu l'impression que tu abusais de l'autocensure...<br /> Sur la question du climat de sécurité que les militaires occidentaux sont censés garantir en Afrique comme le défend M le Ministre, j'aurais aimé que tu lui rappelles les cas du Rwanda, de la Côte d'Ivoire et même celui du Darfour...
A
Le débat était intéresant et il faut en cela encourager les journalistes africains à multiplier ce type d'échanges.J'ai quand même été un peu surpris par la position du ministre Gnamien Yao, trop enfermé dans des considérations diplomatiques fort respectables par ailleurs.47 ans après l'indépendance, il me paraît surréaliste de s'interroger, encore, sur la capacité des Etats africains, Etats indépendants, à assurer la sécurité de leurs populations. La question du maintien des bases étrangères en Afrique, tout comme celle de la caducité ou non accords de défense et de coopération, sont des questions cruciales auxquelles il faut apporter des réponses claires et rapides.Il n'est point besoin d'avoir l'âge de ces bases ou d'avoir fait les mêmes écoles que les responsables étrangers pour avoir voix au chapitre. Soit, on considère que nos Etats sont souverains et dans ce cas il n'est plus légitime de conserver ses bases ou d'en créer d'autres. Soit, en connaissance "de nos forces et nos faiblesses" nous acceptons de confier, encore et encore, notre sécurité à plus forts que nous.
O
D'abord un point de critique secondaire, mais qui ne l'est pas tant que cela dans mon esprit : la bande sonore/musicale du générique n'est pas en phase avec l'esprit du temps en Côte d'Ivoire (et ailleurs en Afrique), où nous volons désormais être par nous mêmes, donc identifiables pour ce que nous sommes, dans tous les aspects de cet être. Le décor et la musicale d'une telle émission devraient être très nettement inspirés de la Côte d'Ivoire/Afrique, en mobilisant les ressources culturelles endogènes : l'Afrique de demain doit commencer dès aujourd'hui à affirmer pour elle-même, dans toutes ses manifestations...<br /> <br /> Ensuite, sur le fond : tous les aspects systémiques de la présence des bases militaires étrangères en Afrique n'ont malheureusement pas été abordés. <br /> <br /> Certes, Théo en a signalé l'un des principaux, à savoir la protection du potentat local contre les populations africaines qui ne l'ont pas désigné à leur tête, et qui sont toujours les victimes des actions ouvertes ou secrètes de ces forces étrangères. De même, le ministre a évoqué la version diplomatique, fallacieuse autant qu'officielle, en vertu de laquelle lesdites bases militaires étrangères auraient vocation à sous-traiter la sécurité des jeunes Etats africains, afin de leur permettre de consacrer leurs maigres moyens à des objectifs plus prégnants : éducation, santé, infrastructures, etc. <br /> <br /> Est-il encore raisonnable que des acteurs politiques africains de ce niveau colportent une telle version officielle mensongère? Que les puissances étrangères se cachent encore derrière de telles arguties, cela est compréhensible, puisque la véritable raison de leur présence militaire en Afrique est inavouable en des termes plus francs et sincères... <br /> <br /> Pour autant, après une quarantaine d'années de présence militaire, cette "véritable raison" est lisible dans le bilan même des actions entreprises en Afrique par lesdites puissances étrangères : <br /> <br /> - la colonisation de l'Afrique a consisté en l'occupation militaire du continent, à travers de très meurtrières guerres de conquête, puis de pacification, enfin d'indépendance (ou décolonisation). Par conséquent, aux indépendances, les principaux agresseurs militaires de l'Afrique (effectifs ou potentiels) étaient précisément ces puissances étrangères colonialistes. Lesquelles ont confisqué la souveraineté militaire du continent en voie d'indépendance, grâce à l'instauration de ces bases militaires, et en échange de faibles marges de manoeuvre politiques, dont les différents dirigeants africains d'alors étaient tenus de se contenter ; quoique pour d'aucuns avec grand zêle...<br /> <br /> - le continent a connu une pléthore de conflits au cours de la période, sans que la présence de ces bases ne les empêche, bien au contraire...<br /> <br /> - ces soit-disant protecteurs (France, Grande-Bretagne, EUA, etc.) sont les principaux pourvoyeurs d'armes dans ces conflits ; ils ont donc objectivement besoin de leur prolifération pour faire prospérer leur industrie si stratégique de l'armement...<br /> <br /> Ainsi perçoit-on toute la signification stratégique de ces bases militaires : véritables organes de perpétuiation de la domination des puissances étrangères en Afrique ; institutions chargées de sécuriser les relations systémiques de Prédations des ressources africaines par les puissances coloniales, notamment en installant et/ou protégeant les affidés locaux de ce système de Prédation. <br /> <br /> Bien entendu, tous les protagonistes de ce débat télévisé connaissent ces données cruciales du problème. Mais pour des raisons qui m'échappent, ils ont préféré ménager certaines susceptibilités diplomatico-françafricaines. Or, l'écrasante majorité des populations africaines n'ont aucune connaissance de ces données. Or, il est indispensable que l'opinion publique africaine soit complètement instruite de ces questions, car son soutien est nécessaire pour asseoir définitivement le caractère absolument impératif du départ/démentèlement prochain, urgent, de ces bases militaires hégémoniques...<br /> <br /> Non seulement il serait illusoire, mais aussi et surtout dangereux de croire, comme Gnamien Yao, que ces sujets trouveront une issue rapide et convenable aux intérêts des Africains, s'ils sont discutés dans des salons feutrés entre protagonistes occidentaux et africains "formés aux mêmes écoles", donc capables de traiter d'égal à égal de sujets dont les uns sauraient désormais que les autres sont affranchis des vrais enjeux...<br /> <br /> L'issue de toute négociation de cette importance stratégique est toujours déterminée par les rapports de forces réels, socio-historiques. En l'occurrence, les Blancs possèdent déjà les armes militaires, tandis que leurs interlocuteurs africains ne pourront se prévaloir que du soutien massif, déterminé et indéfectible des populations africaines conscientes des enjeux stratégiques de ces sujets. A condition que lesdites populations en soient correctement informées, et qu'elles y soient formées...<br /> <br /> Par conséquent, en réchignant à tenir ce langage de vérité, sans fioritures, aux citoyens téléspectateurs africains, les leaders d'opinion et autres journalistes s'exposent à manquer leur devoir, à s'aliéner le principal atout de l'Afrique (outre ses matières premières) dans les négociations à venir ; négociations si délicates...<br /> <br /> De leur côté, les Blancs ne renonceront jamais à tenter de corrompre tels ou tels dirigeants, à les isoler des populations africaines, afin de les affaiblir davantage dans ces futures négociations, dont ils commencent seulement à prendre conscience qu'elles sont inéluctables, et surtout imminentes. Par ailleurs, le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar, de même que les dernières saillies d'un Prix Nobel (James Watson http://www.timesonline.co.uk/tol/news/uk/article2677098.ece ) sont là pour nous rappeler à tous que ce n'est pas demain la veille du jours où les Occidentaux nous regarderont, dans leur majorité, comme des hommes qui leur soient égaux...
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